La nuit tombe sur Chicago. Dans une ruelle sombre, dissimulée derrière une porte sans enseigne, s’ouvre un speakeasy clandestin.

Le parfum mêlé du whisky de contrebande et des cigares flotte dans l’air. Derrière le comptoir, un barman en gilet rayé sert des cocktails colorés dans des verres givrés, tandis qu’un pianiste s’enflamme sur un vieux Steinway cabossé. Le swing jaillit, syncopé, et la contrebasse bat le rythme effréné d’une époque enivrée par la liberté.

Sur la piste, les robes à franges scintillent, les plumes et bandeaux des danseuses s’agitent sous la lumière des lampes tamisées. Les rires fusent, les verres trinquent, et les conversations sont couvertes par l’énergie effervescente d’un charleston endiablé. Tout autour, l’interdit plane : les flics pourraient débarquer d’un instant à l’autre, mais l’excitation est plus forte que la peur.

À l’extérieur, les ruelles de Chicago résonnent encore des coups de feu des règlements de compte entre gangs. Al Capone et ses rivaux font de la ville une poudrière, mais ici, à l’intérieur, c’est une autre bataille qui se joue : celle de l’oubli, du vertige, du plaisir interdit.

C’était l’époque où les années folles dansaient sur un fil, entre décadence et danger, où les tripots clandestins et les soirées fastueuses reflétaient le désir de vivre plus fort que jamais.